Électrosensibles et antivax : même combat ?


Chers amis,

Vous savez que j’aime me frotter aux sujets qui dérangent. Même quand il s’agit d’attaques contre les électrosensibles.

Je suis tombé sur un article de l’Express datant du 24/11/2019 (donc l’épidémie de vous-savez-quoi) et intitulé :

En deux mots, l’article est gratiné — vous pouvez le lire ici, mais la consultation est limitée aux abonnés à L’Express.

Les affirmations gratuites commencent par la mention “malades imaginaires”, en rouge, au dessus du titre (voir ci-dessus), comme s’il s’agissait d’une rubrique au même titre que “politique”, “économie”, “culture”.

Ensuite, les “scientifiques” sont instrumentalisés d’une manière qui déshonore la profession de journaliste. Plutôt que de citer des études, le journaliste utilise des citations, souvent invérifiables, comme celle de Stéphane Point :

Stéphane Point, docteur en physique spécialisé dans les rayonnements non ionisants, s'étrangle. "C'est effarant. On est face à une ingérence illégitime de la part des juges. Sans aucune formation scientifique, ils piétinent l'état actuel des connaissances et se permettent de dire la science dans les tribunaux", fulmine ce diplômé de psychologie clinique, pour qui on façonne "une atmosphère de peur" autour des ondes.

J’ai beau chercher, je ne trouve aucun des travaux publiés par Stéphane Point, pas même sa thèse de doctorat.

Sur Google, Stéphane n’est pas très connu dans le domaine des rayons non ionisants.

Nous sommes bien face à un scientifique qui parle hors du contexte scientifique (postulat, démonstration, sources). L’intervention de Stéphane Point ressemble plus à un exercice de communication, comme les candidats aux présidentielles qui réagissent aux déclarations de leurs adversaires.

J’irais même jusqu’à dire que les juges, que Stéphane Point critique, ont appuyé leur jugement sur une démarche plus scientifique et convaincante que la sienne.

La science conteste et empile de cinglants démentis. L'Académie nationale de médecine : "Nous ne disposons physiologiquement d'aucun système sensoriel sensible à ces ondes." L'OMS : "Il n'a jamais été démontré que leurs symptômes étaient liés à la présence d'ondes électromagnétiques." L'Agence nationale de sécurité sanitaire : "Pas d'effet avéré sur la santé."

Est-il vrai qu’aucun de nos sens ne détecte ces ondes ?

J’aimerais me pencher sur la citation de l’Académie nationale de médecine. D’abord, nous ne savons pas quel membre de l’Académie l’a prononcée, ni dans quel contexte. Soit. Mais ce qui me gêne, c’est le fond : “nous ne disposons d’aucun système sensoriel sensible à ces ondes”. En langage clair, “aucun de nos sens ne détecte ces ondes”.

Certes, nous ne voyons pas les ondes, mais il est indéniable qu’elles agitent nos cellules, ce qui provoque notamment un échauffement de la peau. Et ceci nous sommes en mesure de sentir. Si vous tenez le téléphone longtemps à l’oreille, vous sentirez la chaleur provoquée par les ondes.

Certes, une partie de cette chaleur résulte de l’échauffement de l’appareil en fonctionnement, mais les ondes elles-mêmes réchauffent (comme les rayons du soleil). Ceci s’observe d’autant mieux sur les insectes, dont la température interne augmente lorsqu’ils sont bombardés d’ondes (ils chauffent sans même être collés au téléphone) [voici une étude sur le sujet]. Il est donc faux de dire que nous ne sentons pas les ondes.

D’ailleurs, l’armée américaine a mis au point un canon à ondes 5G pour disperser les foules [source]. À une distance maximale de 630 m, ce canon émet des ondes 5G si puissantes qu’elles brûlent la peau et forcent la foule à s’éloigner.

La même technologie a été utilisée aux Jeux Olympiques d'Hiver PyeongChang 2018, en Corée du Sud, pour éloigner les populations de sangliers qui menaçaient de provoquer des accidents sur les routes conduisant aux différents sites olympiques [source].

Faut-il plus de preuves ?

Loin de la démarche scientifique…

Voici un autre exemple de citation anonyme, et invérifiable :

“les tribunaux donnent gain de cause aux EHS, ces personnes souffrant de la "maladie imaginaire du XXIe siècle", selon une expression qui se murmure dans les cabinets de médecins.”

De qui provient cette citation ? Dans quel contexte ? Un colloque médical ? Un murmure dans un couloir ? Sans ces informations, il est difficile de répondre à cette accusation. Tout ça n’est pas sérieux.

Je ne sais pas vous, mais moi ça m’évoque les campagnes de communication politique : “Une source proche du ministère affirme que le confinement pourrait être déclaré dès mercredi prochain”. Sérieusement… arrêtez les effets d’annonce. Ça fait longtemps que le public a cessé de jouer à votre petit jeu.

Le journaliste nous parle aussi d’études associant l’électrosensibilité à l’effet nocebo, et de “la totalité des méta-analyses rigoureuses sur l'exposition à des champs électromagnétiques [qui ne montrent pas d’effet avéré sur la santé]. Mais, là encore, il ne cite aucune source. Nous ne pourrons donc pas nous faire notre propre idée sur le sujet.

Le journaliste ne nous enseignera pas non plus le critère pour reconnaître les “méta-analyses rigoureuses”. Je me lance donc : je dirais qu’une méta-analyse “rigoureuse” est celle qui ne recense pas d’effet indésirable des ondes sur la santé. Qu’en dites-vous ?

Tout ça n’est pas sérieux.

Et ce refus de nous donner accès aux sources, ne change pas trop de l’infantilisation permanente que nous subissons ces dernières années. Ça me rappelle les temps qu’on dit “obscures”, avant la Réforme de Luther, où l’Église restreignait l’accès à la Bible aux fidèles. Finalement, certains journalistes ont gardé cette même mentalité.

Vous voyez donc, que plutôt d’ignorer cet article médiocre, j’ai décidé de le décortiquer, et d’y répondre honnêtement. Car je trouve que l’accroche (associer les électrosensibles aux antivax) est habilement trouvée, pour quelqu’un qui voudrait discréditer les résistants aux ondes. Et qu’il y a peut-être une vérité derrière.

La justice a-t-elle tort ?

Avant de traiter des électrosensibles et des antivax, j’aimerais revenir sur le fond de l’article, car les questions méritent d’être posées :

La justice a-t-elle tort de condamner ENEDIS et de reconnaître la pathologie des électrosensibles ? Est-ce de l’anti-science ?
Est-ce que les avocats utilisent la science de travers pour obtenir des indemnités pour leurs clients électrosensibles ?

Si les avocats parviennent à produire une démonstration convaincante de l’effet des ondes sur leurs clients, c’est que la “science” n’est pas si claire que ça.

L’impression que tout ceci donne, c’est que dans les tribunaux adoptent une démarche empirique (on s’intéresse à la pratique, on rassemble les témoignages, on fait des expériences). Ils s’intéressent aux cygnes noirs. Et je trouve l’approche des tribunaux plus honnête scientifiquement, que celles des “scientifiques” de l’Express qui vous disent : “Circulez, il n’y a rien à voir.”

La science n’est pas figée. Elle progresse. Elle est transitoire (comme le rappelait justement l’article de L’Express). Elle se remet en question. Elle ne se sent jamais menacée. Au contraire, elle accueille les contradictions, les “cygnes noirs”. Les contradictions permettent à la Science de s’approcher encore plus de la vérité.

Notre journaliste de l’Express trouve sans doute choquant que les avocats leurs clients électrosensibles du mieux qu’ils peuvent. Ce même journaliste doit certainement trouver immoral qu’un avocat puisse défendre un criminel. Il me semble que la Justice a besoin que chacun joue son rôle de la façon la plus convaincante : le procureur, la défense, etc.

Les électrosensibles et les antivax sont-ils les mêmes ?

Ceci nous amène au sujet épineuse des similitudes entre électrosensibles et antivax.

Cet argument utilisé dans L’Express vise surtout à discréditer les électrosensibles, puisque les antivax sont associés à des obscurantistes.

D’abord, je n’utiliserais pas le terme antivax, car il est imprécis. Il s’agit plutôt de personnes qui questionnent la balance bénéfice-risque des vaccins.

Ça rassemble des gens qui ont des opinions différentes :

  • Ceux qui se méfient des nouveautés : Ils refusent le vaccin anti-coronavirus, mais ont reçu les vaccins obligatoires à leur génération (tétanos, coqueluche, pneumocoques, etc.) ;
  • Certains se méfient de tous les vaccins : Ils font des recherches approfondies pour comprendre les mécanismes des vaccins, et identifier les vaccins qui valent vraiment la peine pour eux-mêmes (surtout s’ils ont déjà une immunité déficiente), pour leurs enfants. Par exemple : ils font faire faire à leur enfant le vaccin DTP (diphtérie, tétanos, coqueluche), mais pas le ROR (rougeole, oreillons, rubéole).
  • Certains refusent systématiquement les vaccins pour eux-mêmes, et pour leurs enfants : ils vont jusqu’à se procurer des faux certificats de vaccination. Souvent, ils considèrent les vaccins comme des poisons, que l’on s’injecte volontairement, et qui comportent un risque de donner la mort. Ils sont confiants que la plupart des maladies ciblées par les vaccins se soignent de nos jours sans difficulté. Certes, il y a des morts de la maladie, mais c’est une minorité.
  • Certains déplorent la généralisation d’un biais scientifique en faveur de la vaccination : Ils voient que les morts des maladies sont grandement médiatisés (pour faire peur à la population et l’encourager à se vacciner), alors que les morts des suite aux vaccins sont mal recensés. Il y a un biais général en faveur de la vaccination qui fait que la pharmacovigilance est incomplète sur les vaccins.
  • Et surtout ceux qui ont eu une mauvaise expérience avec les vaccins (effets indésirables pouvant être graves).

Je connais des gens dans chacun de ces groupes. Et ce qui est marquant, c’est que ces gens font, dans l’ensemble, plus d’efforts pour s’informer que les “provax”.

Je ne dis pas que toutes leurs sources d’information sont fiables. Mais, ils s’emparent du sujet. Ils essayent de décrypter, et de comprendre ce qui se passe en coulisses.

Autrement dit, ils ont le doute cartésien chevillé au corps. Ce qui devrait être une bonne chose.

Aujourd’hui, néanmoins, on les désigne comme “sceptiques” (comme dans climato-sceptique, covido-sceptique). Ce qui est dépréciatif.

Ce doute cartésien est moins répandu chez les “provax”, qui, dans l’ensemble, s’en remettent au système médical (autorités de santé, médecins, firmes pharmaceutiques). Ce sont eux qui déclareront souvent :

  • “Je suis sûr qu’il y a des études sérieuses qui prouvent que…”
  • “La science aux scientifiques. Laissons-les faire.”
  • “Si vous n’êtes pas médecin, vous feriez mieux de vous taire.”

Les “provax” font confiance aux autres pour les protéger. Il ne supposent pas que les autres pourraient les trahir pour leur bénéfice personnel (ex : trafiquer un essai clinique pour gagner des parts de marché).

Les “antivax” sont méfiants. A priori, ils ne font pas confiance aux autorités de santé, et aux firmes pharmaceutiques, qu’ils perçoivent comme corrompues. Ils veulent voir pour croire. Leur défiance peut aller jusqu’ả soupçonner un complot contre eux (“les vaccins covid contiennent des puces 5G”, “ils cherchent à nous stériliser”).

Alors, qu’ont les électrosensibles en commun avec les antivax ?

  • Ils subissent (ou ils ont subi) des effets indésirables ;
  • Ils s’informent activement sur le sujet ;
  • Ils sont prudents face aux technologies mal maîtrisées.

Finalement, s’informer et être prudent sont plutôt des qualités.

Si vous êtes, vous-même, libre-penseur, vous me rejoindrez sûrement dans ma conclusion : Comparer les électrosensibles aux antivax, est, en somme, un compliment.

À bientôt,

PS : J’en profite pour faire un petit rappel ci-dessous sur la différence entre rayons ionisants et non ionisants.


Bonjour, je suis Greg Previn.

En me lisant, vous apprendrez à prendre soin de votre hygiène électromagnétique, pour vous, mais aussi pour vous proches.

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Chers amis, Connaissez-vous cet exercice ? Prenez votre téléphone... Sur iPhone : Ouvrez Paramètres Puis, Général Puis, Mentions légales et certifications Puis, Exposition aux RF (= Radiofréquences) Lisez attentivement les 2 premiers paragraphes (surtout la dernière phrase du second paragraphe), puis revenez ici lire la suite de ce message Sur Android : Ouvrez Paramètres Puis, À propos du téléphone Puis, Libellés réglementaires et lisez le paragraphe sur les Radiofréquences, puis revenez ici...

Chers amis, Début mars a eu lieu à une conférence qui est actuellement disponible en rediffusion à la demande. Je vous recommande chaudement de la regarder jusqu'au bout, tant les informations diffusées sont justes et précieuses. N'hésitez pas à la diffuser autour de vous. À bientôt, Greg Previn